Comment féminiser ses annonces ?

Avec ou sans point médian

Tu as probablement déjà entendu l’énigme qui va suivre.

Elle faisait fureur dans les cours de récréation quand j’étais enfant. Je crois que la première fois que je l’ai lue c’était dans un Astrapi ou dans un Journal de Mickey.

La voici :

Un père et son fils ont un grave accident de voiture. Le père meurt. Le fils est entre la vie et la mort. On l’amène aux urgences et le chirurgien qui le voit dit : « Je ne peux pas l’opérer car c’est mon fils. » 

Comment cela se fait-il ?

Si tu ne l’as jamais entendue, prends quelques secondes pour y réfléchir avant de lire les phrases d’après.

La première fois que je l’ai lue, je suis resté 15 minutes sans trouver la réponse. J’ai dû regarder.

La réponse c’est que le chirurgien en question est la mère.

Vu le titre de l’article, peut-être que tu y as spontanément pensé. Mais, généralement, les gens n’y pensent pas.

Comment ça se fait ?

Il y a plein de variables qui l’expliquent. Une d’entre elles étant l’absence d’un genre neutre en français, contrairement au latin ou d’autres langues européennes. Du coup, quand on utilise le genre masculin comme un genre neutre, notre esprit a du mal à le détacher de ce qu’il est habituellement : un genre masculin.

Une autre raison est la relative récence du masculin comme neutre. Ça fait longtemps et pas longtemps à la fois que c’est le cas. On parle souvent du français comme étant la langue de Molière. Et bien à l’époque de Molière ça n’était pas encore le cas, par exemple. D’ailleurs, anecdote marrante et inutile, Molière écrivait “ortografe” et non “orthographe”. 

La masculinisation des textes fut, elle aussi, un projet politique à une époque où plusieurs formes féminines étaient couramment utilisées, comme peintresse ou philosophesse, et où l’accord de l’adjectif et du verbe se faisait avec le nom ou le sujet pertinent le plus proche, qu’il soit féminin ou masculin.

C’est avec la création de l’Académie française, au 17e siècle, que sera instaurée la règle du masculin générique, puisque, selon les académiciens, « le genre masculin est réputé plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle »

Cette règle d’accord des adjectifs, décrite dans le passage que je viens de citer s’appelle l’accord de proximité.

C’est-à-dire qu’on accorde l’adjectif avec le nom le plus proche, plutôt que forcément le nom masculin. Cette règle était encore en vigueur quand on a rédigé la  Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et on peut la retrouver à l’article IV.

Napoléon, lui-même, a affirmé que c’est la règle de proximité qu’on devait continuer à utiliser.

Napoléon (et ses contemporains) aurait donc écrit : “Julien, Jean, Nicolas et Mélanie sont de bonnes élèves”

Ça fait donc longtemps mais pas si longtemps que ça que le masculin est utilisé comme un neutre. Ou, pour le dire avec une formule horrible qu’on a entendu en cours, que le masculin l’emporte sur le féminin.

On dirait que je pinaille mais ça a un impact dans nos inconscients collectifs. Aujourd’hui on écrit :
Les candidats et les candidates sélectionnés.

Alors que la règle de proximité nous ferait écrire : les candidats et les candidates sélectionnées.

On écrit aussi sans trop de peine (même si ça pique un peu plus) :

Les avis et les opinions exprimés.

Mais on se sent tout de suite beaucoup plus mal à l’aise d’écrire :

Jean et ses 40 soeurs sont beaux.

Là, on sent bien que c’est bizarre. Alors pour l’éviter on se contorsionne, on évite de faire cette phrase. Mais pourquoi ? 

Si le masculin est neutre pourquoi a-t-on tant de mal à dire que Jean et ses soeurs sont beaux ?

Il faut se rendre à l’évidence : nous n’arrivons pas à assimiler totalement le masculin à du neutre.

C’est d’ailleurs pour cette raison que la loi nous impose de faire un effort dans nos annonces.

Que dit la loi sur les annonces ?

Voilà ce que nous dit le site du ministère du travail :Il en est de même en ce qui concerne le sexe. Nul ne peut ainsi mentionner ou faire mentionner dans une offre d’emploi le sexe ou la situation de famille du candidat recherché. 

Cette interdiction est applicable pour toute forme de publicité relative à une embauche et quels que soient les caractères du contrat de travail envisagé. 

L’offre doit donc être rédigée de façon à faire apparaître clairement qu’elle s’adresse indifféremment aux hommes et aux femmes. Ainsi, par exemple « Cadre H/F » ou « Employé(e) ». Pour plus de précisions, on peut se reporter à la fiche »L’égalité professionnelle homme-femme ».

Remarquons que le texte est à la fois précis et vague. Commençons par le vague : il n’y a que deux moyens proposés pour rédiger une annonce qui s’adresse indifféremment aux hommes et aux femmes. Le première est la mention H/F, la deuxième est la parenthèse.

C’est pour ça qu’on a vu fleurir la mention H/F dans toutes les annonces. Parce qu’elle est explicitement citée. Certaines personnes sont même convaincues qu’il s’agit d’une mention obligatoire. Alors que pas du tout : c’est un simple exemple. La loi me laisse libre de neutraliser mon texte comme je veux. Elle précise bien qu’il s’agit d’un exemple. Elle m’impose de neutraliser le genre mais elle ne m’impose pas le comment.

D’ailleurs, le paradoxe c’est que beaucoup d’entreprises utilisant la mention H/F sont en réalité probablement dans une zone ambigüe de la légalité. Pourquoi ? Parce qu’elles se contentent de le mettre dans le titre. Puis, ensuite c’est open bar : comme je l’ai mis dans le titre, je ne le mets plus. Or, la loi dit bien que l’offre doit être rédigée de manière à s’adresser indifféremment aux hommes et aux femmes. Elle ne dit pas explicitement que c’est le titre seulement qui doit le faire. Il y a donc matière à interprétation.

En revanche, je trouve que le texte est également précis. En effet, les exemples retenus sont très parlant. Le premier est le mot cadre. Or, il s’agit d’un mot neutre à l’écrit. On pourrait donc se dire qu’il n’y a pas besoin de faire l’effort de neutraliser. Pourtant, c’est l’exemple choisi. 

De même, l’exemple du mot employé(e) est suffisamment précis pour nous suggérer qu’on doit faire l’effort de féminiser les mots qui sont par défaut au masculin.

Il y a donc bien une obligation de faire un effort par rapport à la langue courante.

La guerre de l’écriture inclusive

Cette législation et d’autres discussions de société ont poussé les individus à proposer des solutions pour écrire de manière neutre. On a appelé cet effort l’écriture inclusive.

Alors attention : cette expression est très chargée politiquement au moment où je l’écris. Je ne vais donc plus l’utiliser dans le reste de l’article, une fois que j’aurais désamorcé les confusions les plus courantes à son sujet. Je me remettrai à dire féminiser ou neutralisermon texte, selon les cas.

L’écriture inclusive est un terme qui a malheureusement été agité par des politiciens réactionnaires pour jeter l’opprobre sur ce travail. Et, comme tout ce qui est touché par des politiciens et des médias, c’est devenu la foire d’empoigne. 

D’ailleurs, on peut observer l’impact de cette foire. En effet, en 2017, quand on sondait les français et les françaises sur l’écriture inclusive, 75% se disaient favorables (et 67% des hommes et 83% des femmes). Ce qui est intéressant dans ce sondage c’est qu’une grande partie n’avaient jamais entendu l’expression écriture inclusive. On a donc dû leur expliquer avant ce que c’était.

Ce sondage contraste très fortement avec celui de 2021. Cette fois, 63% des personnes se sont déclarées opposées à l’écriture inclusive. Avec toujours autant de personnes (41%) qui déclarent ne pas savoir ce que c’est.

En un quinquennat, l’opinion c’est dont totalement inversée sur le sujet. Nous avons d’ailleurs posé la question sur LinkedIn. Bien entendu, ce ne peut être considéré comme un sondage rigoureux. Mais la réponse nous a étonné :

Pour avoir déjà abordé le sujet en formation, je suis convaincu qu’une partie de l’opposition vient du climat politique mais que l’autre vient également de la caricature du sujet (qui en est une conséquence). Par exemple, énormément de personnes se disant contre l’écriture inclusive se diront pour les efforts d’écriture neutre ou même de féminisation des mots. Alors que c’est la même chose.

Pourquoi ? Parce que beaucoup de personnes confondent écriture inclusive et point médian. C’est-à-dire quelque chose comme : employé·e, employé·e·s, employé·es ou recruteur·euse·s

Alors que la mention H/F est de l’écriture inclusive. L’écriture inclusive est :

« un ensemble d’attention graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes ».

Alors que beaucoup de gens utilisent déjà les parenthèses, depuis plus de 30 ans. Ça n’a rien de nouveau d’écrire employé(e). Et bien ça aussi c’est de l’écriture inclusive. Le point médian est un outil de l’écriture inclusive mais ce n’est pas le seul.

Il faut donc dépassionner le débat et se recentrer sur notre mission en tant que recruteurs et recruteuses. La loi nous impose de neutraliser nos annonces. C’est donc ce qu’on doit viser, peu importe le moyen.

Au-delà de la loi : une responsabilité professionnelle

Même si la loi ne nous imposait pas de neutraliser nos annonces, l’exemple du début nous montre l’importance de le faire. Quand on dit un chirurgien, un docteur, un ministre, on pense spontanément à un homme.

Or, quand nous écrivons une annonce, notre objectif est évidemment d’attirer les personnes indifféremment de leur genre. Rares sont les personnes à pratiquer consciemment de la discrimination. L’essentiel de la discrimination est véhiculée par nos erreurs inconscientes, nos biais cognitifs. 

Le problème c’est que la définition d’un biais inconscient c’est d’être inconscient. Donc même en demandant, la totalité des personnes répondront que ça n’influe pas sur elles. Moi le premier. Si on me demande mon instinct, je suis convaincu que ça ne change rien de mettre chirurgien ou alors chirurgien(ne). Mais en même temps… mon instinct il me convainc aussi que la Terre est plate. Je n’ai pas conscience d’être incapable de voir la courbure de la Terre à l’oeil nu. C’est pareil ici.

C’est pour ça qu’on a inventé la science : pour faire des expériences qui contredisent l’instinct.

En 2005, lorsque des métiers étaient présentés à des enfants en mentionnant explicitement les deux genres, les effets des stéréotypes de genre quand les enfants estimaient s’ils pourraient faire tels ou tels métiers étaient significativement réduits.

Quand on a présenté des métiers “masculins” à des petites filles en les présentant au masculin neutre, elles se sont auto-attribuées une moyenne de 10,8/20 d’aptitude dans ces métiers. Les métiers étaient entre autres : mathématicien, directeur commercial, mécanicien, informaticien, chirurgien (ah bah tiens).

On a ensuite présenté ces métiers à un autre groupe de petites filles en les présentant soit avec des parenthèses soit avec des slashs (ex : mathématicien(ne) et mathématicien/mathématicienne). 

Résultat ?

Cette fois, les petites filles se sont auto-attribuées une moyenne de 12,7/20. On a donc une amélioration significative de la perception juste en faisant ce petit effort de présentation.

Pour comparaison : le groupe de petits garçons, sur les mêmes métiers, s’est auto-attribué une moyenne de 18/20.
Une autre expérience, cette fois en anglais, a été réalisée dans les années 80. On a inventé de toutes pièces un nom de métier : wudgemaker

Cette fois, les petits garçons et les petites filles s’évaluent de la même manière sur ce métier imaginaire à condition qu’on utilise le pronom she, they ou he or she. Mais dès qu’on utilise le pronom he, les résultats s’effondrent chez les petites filles qui diminuent leur note de 23%.

L’impact d’un seul pronom est dingue.

La dernière expérience que je voulais te partager sur le sujet n’en est pas une à proprement parler puisqu’il s’agit d’une question annexe à un sondage. Elle n’a donc pas été soumise au protocole scientifique, contrairement aux deux précédentes. Mais elle nous éclaire néanmoins :

Pour illustrer les conséquences de l’utilisation de l’écriture inclusive, l’organisme sondeur a également posé des questions ouvertes aux interrogés. Trois questions étaient déclinées en trois formulations différentes.

1 – Un premier tiers de personnes entendait des questions genrées, utilisées habituellement, comme“pourriez-vous citer deux présentateurs du journal télévisé”.

2 – Un deuxième tiers une question à formulation inclusive, soit“pourriez-vous citer deux présentateurs ou présentatrices du journal télévisé”.

3 – Enfin, le troisième tiers dut répondre à des questions dites“épicènes”, soit dénuées de genre, comme“pourriez-vous citer deux personnes présentant le journal télévisé.”

Les réponses montrent que la formulation habituelle(1) favorise le choix d’animateurs masculins : seuls 41% des répondants citent spontanément une femme présentatrice. Ce chiffre  passe respectivement à 42%  et 51% pour les questions 2 et 3.

En d’autres termes, utiliser une formulation dénuée de tout genre (ex : une personne qui présente le journal) permet d’augmenter significativement le nombre de personnes qui citent spontanément au moins une femme.
Pouvons-nous vraiment rester insensible à ces effets, quand une partie de notre métier consiste à attirer des candidatures via des textes (des annonces) ?

Est-ce vraiment professionnel d’ignorer totalement le sujet une fois qu’on en prend conscience ?

Mais c’est compliqué !

Oui. Je ne veux pas me placer en donneur de leçon. C’est dur. Moi-même dans mes articles je n’ai pas toujours fait l’effort.

La langue française est genrée. Et elle n’a pas de troisième genre qui serait le genre neutre. Ça nous met donc face à un défi. Moi-même j’ai mis du temps à produire du contenu de formation sur le sujet car toutes les sources dont je disposais étaient anglo-saxonnes.

Il y a par exemple un outil qui s’appelle textio et qui permet d’analyser si une offre d’emploi utilise un langage qui va attirer davantage les hommes que les femmes. Mais ça ne fonctionne qu’en anglais.

Or, en français, la tâche est bien plus compliquée puisqu’il y a la question du genre des noms.

C’est dur.

Certaines solutions ralentissent la lisibilité. On ne peut pas nier que le point médian pose un souci de lisibilité notamment pour les personnes dyslexiques ou illettrées. Mais, encore une fois, le point médian est une arme parmi les autres dans l’arsenal. Nous sommes donc libres de l’utiliser ou non.

L’important c’est de mener l’effort de neutralisation du texte. Sans jeter le bébé avec l’eau du bain.

Ça demande un effort. Moi-même ça a été mon frein principal si je suis honnête avec moi-même. Je me suis beaucoup dit que c’était par souci de lisibilité que je ne faisais pas d’effort. Puis un jour je me suis rendu compte que c’était surtout un souci d’écriture.

D’ailleurs, je remarque que nous savons très bien faire ce genre d’efforts quand il s’agit d’éviter de choisir entre le tutoiement et le vouvoiement quand on rencontre quelqu’un.

Je remarque également que nous savons nous contorsionner quand il s’agit d’utiliser le masculin neutre. Car, contrairement à ce qu’on peut penser, le masculin neutre demande aussi des contorsions. On a juste beaucoup plus l’habitude de les faire.

Au lieu d’écrire Jean et ses soeurs sont beaux on va écrire Jean est beau. Ses soeurs sont belles aussi. Ou encore Jean est aussi beau que ses soeurs. 

On arrive à trouver des solutions et je n’ai jamais vu personne se plaindre de cette contorsion : parce qu’elle nous paraît naturelle. On sent bien que ce serait une invisibilisation beaucoup trop grande du genre féminin que d’écrire Jean et ses soeurs sont beaux.

Quelques astuces pour féminiser et neutraliser nos annonces

Ceci étant dit, comment faire concrètement ? Voilà quelques astuces que j’ai trouvé dans un guide rédigé par l’institut national de la recherche scientifique québécois.

Astuce #1 | Pense et rédige de manière inclusive dès le départ

C’est un principe qui est connu des personnes qui essaient d’apprendre une langue : il vaut mieux essayer de penser dans la langue d’arrivée plutôt que de penser dans sa langue maternelle puis essayer de traduire. C’est pareil ici : il vaut mieux penser d’emblée l’annonce en intégrant ce souci de neutralisation. Plutôt que de vouloir féminiser une annonce qu’on a écrit au masculin, il est plus facile et plus fluide de la créer directement en pensant neutralité.

Astuce #2 | Pense aux parenthèses

  • L’OQLF souligne que les parenthèses sont déjà couramment utilisées dans la formulation des doublets abrégés. Elles le sont également pour introduire une alternance possible entre le singulier et le pluriel (ex. : Cochez le(s) critère(s) correspondant à votre situation.). 
  • Y recourir pour exprimer une alternance entre le féminin et le masculin est donc une extension d’emploi logique.

Je fais le même constat : je vois cet usage depuis que j’ai l’âge de lire. Si tu te sens davantage à l’aise avec cette manière de faire, c’est également une manière de neutraliser.
Certes ce n’est pas parfait car ça envoie symboliquement le message que le féminin est entre parenthèses. Mais il vaut mieux un effort imparfait que de ne rien faire parce que la solution plus lourde te braque.

C’est d’ailleurs, un des deux exemples proposés par le ministère du travail : employé(e).

Astuce #3 | Utilise des noms collectifs ou des noms de fonction

Par exemple le personnel plutôt que les employés. La direction plutôt que le directeur ou la directrice. Ou encore : assemblée, communauté, corps professoral, public

Astuce #4 | Utilise le mot personne

C’est probablement l’astuce que j’utilise le plus souvent. Je l’ai utilisé dans le texte de cet article. Par exemple les personnes qui recrutent plutôt que les recruteurs et les recruteuses.

Ou alors la personne que nous allons retenir pour ce poste sera qualifiée…

Cette astuce à l’avantage de réintroduire du féminin neutre dans le texte. En effet on peut dire d’un homme qu’il est une personne douée sans que ça sonne bizarre. Du coup, utiliser un féminin neutre permet de compenser pour les moments où on va utiliser un masculin neutre. 

Astuce #5 | Pense aux adjectifs neutres à l’écriture

Par exemple l’adjectif apte est neutre à l’écriture alors que l’adjectif qualifié doit s’accorder.

De manière générale, il faudra essayer de trouver des synonymes aux adjectifs qui finissent en é. 

Astuce #6 | Voilà une liste de pronoms neutres

On, personne, quiconque, plusieurs, n’importe qui, nul, tout le monde, chaque…

Par exemple, j’utilise énormément le “on” pour ne pas avoir à utiliser un mot genré.

Quand j’ai écrit plus haut

On a ensuite présenté ces métiers à un autre groupe de petites filles 
ça m’a permis d’éviter d’écrire  :

les chercheurs et les chercheuses ont ensuite présenté ces métiers à un autre groupe de petites filles.

Astuce #7 | Préfère la voix active à la voix passive

De manière générale, les textes écrits à la voix actifs sont préférables dans les annonces car ça véhicule plus spontanément une énergie. Mais ça nous aide de surcroit pour notre sujet de neutralisation du genre du texte. En effet, la voix passive va t’obliger à rajouter un accord.

Par exemple, à la voix active tu vas écrire :

On invite les candidat(e)s à postuler.

Alors qu’à la voix passive il faudrait écrire :

Les candidat(e)s sont invité(e)s à postuler.

On voit bien que la voix passive te rajoute un accord de plus et donc un effort de plus (ici j’ai choisi les parenthèses mais ça serait pareil avec un point médian ou un doublet).

Astuce #8 | Pense aux doublets

C’est également une des armes que j’utilise le plus fréquemment. Quand j’écris les recruteurs et les recruteuses c’est un doublet.

Pareil pour les candidats et les candidates.

Astuce #9 | Répéter le H/F tout au long du texte

J’aurais plus de mal à le faire, à titre personnel, car je n’ai jamais aimé cette mention. Mais je me dis que quelqu’un qui a eu l’habitude d’utiliser cette mention pourrait être davantage à l’aise à l’utiliser tout au long du texte. Et pas seulement dans le titre.

Accepte de débuter et de progresser

J’ai remarqué qu’un des plus grands obstacles de la formation était la sensation de se sentir jugé·e. Ou, pire encore, la sensation d’impuissance. Alors on abandonne avant d’essayer et on se réfugie derrière une opposition. 

Moi le premier. Au début j’étais plutôt réticent à utiliser le point médian dans mes écrits. Puis, un jour… j’ai tout simplement essayé. C’était dur : mais moins que ce que je pensais. Puis, au fur et à mesure j’ai développé plein de stratégies de contournement et j’ai intégré le point médian à mon arsenal. Mais c’est surtout les doublets qui ont changé ma pratique. Le fait d’écrire et dire recruteurs et recruteuses.

Un jour, j’ai reçu un email d’une personne qui me disait qu’elle avait suivi une de mes formations et qu’elle avait été très marquée par le fait que j’utilise les doublets. Que quand elle entend pour être un bon négociateur elle a du mal à s’identifier à cette discipline qui est stéréotypée masculine. Alors que quand on dit pour être un bon négociateur et une bonne négociatrice ça lui insuffle direct un bol de confiance.

Est-ce que ça me demande un effort d’utiliser les doublets en formation ? Oui. 

Mais quand je vois l’impact que ça peut avoir sur une personne, je ne peux pas négliger la question en mon âme et conscience.

L’idée ce n’est pas de me comparer aux autres et me désespérer de mon niveau dans la discipline d’écriture neutre.

L’idée c’est de faire mieux que ce que j’ai fait la semaine précédente. Chaque personne à son rythme.

Un peu c’est mieux que rien

J’insiste sur ce point depuis le début parce que c’est fondamental. Je peux comprendre que certains outils de l’écriture neutre te rebutent si tu débutes. En revanche, il n’y a pas d’excuse pour en pas faire le moindre effort. On ne peut pas se contenter d’utiliser un masculin neutre quand on voit les effets que ça a sur l’audience. 

Tu vois, là j’ai écrit audience plutôt que candidats et candidates ou candidat·es : c’est l’astuce 4.

La bonne nouvelle c’est que ce n’est pas binaire : ce n’est pas tout ou rien. Les efforts de neutralisation du genre sont un spectre. Ton travail est de t’améliorer sur ce spectre, mais en partant de là d’où tu pars.

Je t’ai proposé quelques astuces pour le faire, mais moi-même je suis en plein apprentissage. J’en trouverai donc probablement d’autres. C’est pareil pour toi : l’écriture est un sujet très personnel, très intime, donc c’est à toi de t’approprier ta langue pour voir comment tu la nettoies. Peu importe comment tu la nettoies, l’important c’est d’avoir conscience de la nécessité de nettoyer.

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Sources :

Ecriture inclusive : trois quarts des Français·e·s sont pour

L’écriture inclusive : parlons faits et science

Offre d’emploi et embauche : les droits du candidat

Guide de rédaction inclusive

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