Pourquoi recruteur est l'un des plus beaux métiers du monde ?

Le recrutement est un métier. Un vrai métier. L’un des plus beaux qui m’ait été de découvrir depuis que je me suis lancé dans mon aventure à Link Humans (depuis 2018, nous sommes devenus l’École du Recrutement)Je me dois de le dire et je me dois d’expliquer aussi pourquoi, parfois, je peux me montrer intransigeant et radical avec certains et certaines pour rappeler ce qui fait la beauté de ce métier.

Recruteurs, on ne nous aime pas

Il est fou de voir une profession aussi dépréciée dans l’opinion publique. C’en arrive à un point où, chaque année, des milliers d’étudiants se refusent à y faire carrière.

Pour vous donner une idée, demandez à votre entourage non-RH et non-recruteurs ce qu’ils pensent des recruteurs et vous pourriez obtenir la même réponse que j’ai moi-même obtenu :

Je trouve cela triste. Sincèrement triste de voir des dizaines de milliers personnes réduites à ce rang.

Je me suis très souvent demandé d’où pouvait provenir une telle image. Une image telle que lorsque vous demandez à une promotion de 30 étudiants RH s’ils envisagent une carrière dans le recrutement, aucun ne lève la main. Après, on pourra toujours dire que le recrutement n’est pas RH 1 2, mais ce résultat a tout de même de quoi laisser songeur.

J’en suis arrivé à une conclusion simple et limpide à la fois …Cette image résiduelle que l’opinion a des recruteurs provient essentiellement des mauvaises pratiques. La plupart du temps, les recruteurs sont conscients de ces mauvaises pratiques et avouent leur impuissance à faire mieux. Ce qui peut sembler totalement incompréhensible vu de l’extérieur : n’est ce pas notre métier ?

Et puis aussi, il y a le Paradoxe d’Indépendance day ou tout autre film catastrophe d’ailleurs :

Il y a beau avoir 95% de la population qui est décimé, on reste content que le héros s’en soit sorti.

Pour nous, recruteurs, quand on a le candidat qu’il nous faut, les autres peuvent bien crever sauf, peut être, ceux qu’on a short-listé pour un entretien. Par contre, la majorité c’est les autres.

De mon point de vue, souvent, ce n’est pas tellement la faute de la plupart des femmes et des hommes qui pratiquent le métier. Justement, on ne leur demande pas d’améliorer le recrutement. On leur demande surtout d’appliquer des process et procédures en espérant avoir des résultats différents. J’appelle ça l’erreur des Shadoks que je pourrais également résumer à la citation d’Einstein :

La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent.

Et bien, on ne leur demande pas de répondre aux candidats. On ne leur demande pas d’écrire des annonces intéressantes. On ne leur demande pas de converser avec les gens. On ne leur demande pas finalement de prendre du plaisir dans ce qu’ils font.

Toutefois, ce n’est pas une fatalité.

Les 3 catégories de recruteurs

C’est vrai qu’en parlant de recruteurs, on peut être tenté de généraliser, à tort, les mauvaises pratiques à tous les recruteurs. Mon expérience auprès de celles et ceux qui font du recrutement m’amènent à tempérer cette généralisation et à regrouper les recruteurs en 3 catégories.

Les amant-e-s

La première rassemble celles et ceux qui n’aiment pas tellement le recrutement. C’est un job comme un autre pour ‘manger’. C’est du ‘one shot’. La prime a plus d’intérêt que le recrutement en soi.

Ils y voient qu’un moment passager de leur carrière et ne trouvent aucun intérêt à se développer dans la pratique. Font leur job puis le quitte.

Il n’y a pas de jugement de valeur, chacun a ses propres motivations et le recrutement n’en est pas une pour eux.

Les poète-sse-s

La deuxième regroupe toutes les personnes qui ne savent pas ce qu’est réellement le recrutement. Le plaisir que l’on peut avoir à exercer ce métier. Sans plaisir, au final pas d’amour du métier. Par contre, beaucoup pour crier leur détresse.

C’est la catégorie la plus importante en termes de volume. Ils ne savent pas pourquoi ils devraient aimer le métier car on leur a toujours dit de faire d’une certaine manière, d’appliquer des pratiques sans avoir l’occasion de les remettre en question ou de leur donner du sens. On ne leur a jamais donné l’occasion d’aimer le recrutement.

Ce sont des recruteurs qui ont des remarques du genre :

J’aimerai bien écrire des annonces plus impactantes et engageantes mais mon chef – client – manager (rayez les mentions inutiles) veulent qu’on se serve des modèles existants.

Ils ne sont pas à blâmer s’ils sont plein de bonnes volontés. Il faut seulement leur montrer que c’est possible et enlever les barrières qui peuvent bloquer. Essentiellement par de la formation car ils ont juste besoin d’apprendre à oser. Généralement, aussi, l’audace vient avec l’amour de ce que l’on fait. C’est justement ce qui distingue la dernière catégorie.

Les amoureux-ses

La troisième catégorie réunit celles et ceux qui aiment profondément le recrutement. Je dirai même qu’ils en sont tombés amoureux.

Puisqu’ils aiment sincèrement ce qu’ils font, ils ne sont jamais rassasiés et en redemandent encore. Ce sont ceux qui se forment le plus, celles qui se tiennent au courant des meilleures et dernières pratiques. Ce sont les meilleurs recruteurs et avec cette amour du recrutement, ce plaisir comme stimulant, ils deviennent encore meilleurs, talentueux et audacieux.

Ils veulent rendre au recrutement ce que le recrutement leur a donné. Le façonne pour le rendre meilleur pour que chacun le voit avec les yeux avec lesquels ils le voient. Ils partagent leur amour et leur plaisir du recrutement avec les autres : les opérationnels, les autres amoureux recrutement mais aussi les candidats …Comme dirait Laurent, un recruteur heureux, c’est 50 candidats qui le deviennent.

Je sais que c’est fort de parler d’amour. Néanmoins, la relation entre l’amour que l’on a pour une discipline et notre performance c’est Antonio Damarsio, neuroscientifique, qui, dans son livre, l’Erreur de Descartes, l’explique le mieux. Il nous dit que celles et ceux qui tombent littéralement amoureux de leur métier, discipline ou autre … arrivent à ce point où ils voient tout à travers les yeux de celui-ci pour le rendre meilleur. Même si cela n’a rien à voir comme la livraison Amazon ou le dernier Audiard.

Un amoureux du recrutement arrive à ce point où quand il se fait livrer quelque chose d’Amazon, il imagine un suivi de candidatures pour que celles et ceux qui postulent puissent suivre en temps réel leurs candidatures.

Aussi, je tiens à préciser que j’appelle recruteur toute personne pratiquant du recrutement.

Cela me rappelle cette anecdote où dans une grande entreprise, une équipe de 6 recruteurs étaient quasiment dédiés à la diffusion et le traitement d’annonces alors que c’était le manager opérationnel d’une business unit, qui faisait de l’approche directe sur Linkedin pour aller chercher les gens qui lui faut. Quand on lui demande pourquoi il fait ça lui même, sa réponse est clairvoyante :

Tout d’abord, l’équipe recrutement a de grosses difficultés de sourcing qui mettent en difficulté mon activité. Aussi, trouver des personnes est devenu une priorité pour moi. J’ai découvert que c’était la meilleure manière d’aider mon équipe. Les soulager des plans de charge qui deviennent de plus en plus lourds.

À mes yeux, je trouve que ce manager opérationnel est surement plus recruteur que toute l’équipe de recrutement qui fait ce qu’on pourrait appeler du « post & pray ». Je suis surement un peu trop radical cette fois.

L’amour que l’on a pour ce qu’on fait, nous pousse à en parler, à aller à la rencontre des gens directement pour discuter avec et c’est certainement ce qui rend le métier de recruteur exceptionnellement génial.

Le métier de recruteur est un métier de conversations

Beaucoup de professions sont des professions basées sur des conversations mais nous sommes beaucoup à l’avoir oublié. Recruteur en fait partie.

À mes yeux, parler à des gens est la meilleure chose qu’on ait dans un job. Un recruteur qui n’aime pas parler aux gens ne devraient pas recruter. Ces moments de conversation, on les retrouve aux moments de l’annonce, aux messages aux candidats, à l’entretien …

Petit retour dans le parchemin de l’histoire, avant que l’école ne fusse généralisée aux classes populaires. Les annonces d’aujourd’hui étaient des conversations. Des conversations entre membre d’une même famille. Des conversations entre voisins. Des conversations entre villageois.

Le recrutement alors ce n’est pas éviter les conversations. Bien au contraire. C’est les provoquer. Le recrutement ce n’est pas choisir ses conversations. C’est parler à toutes celles et ceux qui nous parlent. Sans distinction. Sans différence.

Si le recrutement c’est commencer les conversations, c’est aussi y mettre fin. Savoir conclure auprès de celles et ceux avec qui on ne veut ou peut pas poursuivre la conversation. N’est pas une conversation le fait de garder la bouche ouverte sans qu’aucun mot ne sorte. C’est ce à quoi ressemble les messages automatiques qui disent en substance « … en l’absence de réponse de notre part dans les 3 semaines … ». Ce n’est pas une conclusion non plus.

Recruteur est un métier de conversation. Voilà, ce qui pour moi, fait du métier de recruteur, le plus beau métier du monde.

Alors …

Je ne laisserai jamais personne piétiner la beauté de ce métier. Quitte à être virulent. Quitte à l’être même avec celles et ceux qui voudraient se dire recruteur. Recruteur est un métier qui mérite qu’on l’aime. De la même manière, que ceux qui font du recrutement, réellement, méritent aussi qu’on les aime pour ce qu’ils font.

Alors …

Je défendrai toujours celles et ceux qui essaient, font et défont. Je serai toujours du coté de celles et ceux qui cherchent des moyens de faire mieux au lieu de trouver des excuses pour faire mal. Aussi, ne nous demandons pas ce que le recrutement peut faire pour nous mais ce que nous pouvons faire pour le recrutement. Nous avons la chance de choisir le recruteur que nous voulons être. J’ai choisi d’être du coté de celles et ceux qui sont tombé(e)s amoureux-ses du recrutement.

Et toi ? Es-tu déjà tombé(e) amoureux-se du recrutement ?

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