Comment différencier le recrutement du harcèlement ?

Généralement j’écris plutôt pour lutter dans l’autre sens : inciter les recruteurs à davantage relancer. Mais l’inquiétude qui vient immédiatement après c’est : « j’ai peur d’être dans le harcèlement ».

La plupart du temps je balaie l’inquiétude en disant qu’on est plus souvent dans le manque de relance et de suivi que dans le trop. Cela dit, la sensation de harcèlement existe. Comment faire la différence ? Et bien j’ai eu l’occasion de le vivre directement !

Quoi de mieux que de vivre un harcèlement de recruteurs pour pouvoir témoigner de la limite ?

Si je vous dis « métier pénurique mais pas un boucher » vous pensez à quoi ? Voilà ! Un développeur. Vous savez ces gens qu’on appelle enfants gâtés ou diva ? Je disais déjà à quiconque voulait l’entendre qu’ils n’étaient pas des divas, pas plus que les recruteurs qui ne répondent plus quand ils ont trop de candidatures. Ce sont juste des humains soumis à une inondation de sollicitation.

Or il se trouve que quelqu’un m’a fait la blague de mettre un faux CV de développeur Java avec mon email et mon numéro de téléphone. La blague a fini par être revendiquée par un développeur suisse qui manifestement mène des actions militantes en identifiant des recruteurs pour leur faire vivre la vie d’un développeur. Pourquoi moi, alors que je ne suis plus recruteur et que je défends depuis longtemps les développeurs sur le sujet ? J’imagine que c’est parce que je suis une cible très facile : trouver mon email et mon téléphone sur le web c’est comme essayer de viser un éléphant dans un couloir. N’importe qui peut le faire

Le contexte

Jour 1

Je suis en train de passer une journée plutôt banale quand je découvre deux email étranges dans ma boîte :

À l’évidence il se passe quelque chose d’inhabituel. Heureusement, l’email de Computer Futures est dix fois mieux pensé que celui de Hays et me permet de comprendre ce qui se passe. Déjà parce qu’on ne me donne pas l’ordre d’envoyer un CV. Ensuite parce que dès l’objet on voit le titre de l’offre à laquelle je suis supposé avoir postulé. Il y a un gouffre abyssal en termes de niveau d’empathie entre ces deux messages. Effectivement, en tant que candidat, j’ai besoin de pouvoir faire le suivi de mes candidatures et l’email de Computer Futures m’y aide. On reviendra plus tard sur les emails de Computer Future car ce ne sera pas le dernier. Alors que vous pouvez déjà dire au revoir à Hays. À partir de cet email, je ne recevrai plus que de la pub de leur part.

Deux emails donc. Je me pose des questions mais suis vite interrompu par d’autres choses. J’oublie. Et, deux heures plus tard…le téléphone sonne.

Un certain Johan essaie de me recruter en tant que développeur Java pour une ESN. Ma réaction, évidemment :

– Mais ??? C’est quoi cette histoire ? Je ne suis pas développeur Java !
– Ah bon ? Vous n’êtes pas Nicolas Galita ?
– Si
– Et votre email c’est nicolas@linkhumans.fr ?
– Oui
– Et bien j’ai votre CV sous les yeux sur Monster
– Ça explique les emails étranges de tout à l’heure. Je pense que quelqu’un m’a fait une blague. Vous pourriez m’envoyer le CV ?
– C’est entendu !
– Désolé pour le dérangement et la méprise
– C’est pas grave.

Conversation cordiale, c’est le premier d’une longue série d’appels, je suis encore bienveillant. Johan tient sa promesse et m’envoie un email dans la foulée. Bien entendu, ma première réaction est d’accuser un des membres de l’équipe de LEDR. Et leur première réaction à eux c’est… de se moquer allègrement de moi.

(Voyez par vous-ême même ce soutien !)

Le téléphone sonne. J’ignore. Le téléphone sonne à nouveau. J’ignore à nouveau. Le téléphone sonne encore, je décroche rageur.

– Nicolas Galita ?
– Bonjour, je suis Untel, c’est bien Nicolas Galita ?
– Tout à fait
– Blablabalablablablablablabla je vends mon ESN blablablablabla je veux un développeur java blablablabla votre profil correspond blablablablabla j’aimerais savoir si vous êtes à l’écoute du marché ?
– Je ne sais pas ce que ça veut dire à l’écoute du marché ?
– Ça veut dire que vous êtes intéressé par des opportunités.
– Je ne sais pas ce que ça veut dire des opportunité ?
– C’est-à-dire ?
– C’est quoi une opportunité, ça veut dire quoi ?
(Je l’entends penser « sale diva de développeur…mais j’ai pas le choix, j’obtempère)
– Une opportunité c’est … un truc … qui vous apporte satisfaction
– Ah c’est ça ? Bah oui du coup je suis forcément ouvert aux opportunités !

Et…ça devenait trop méchant, le pauvre bougre était tellement patient…je lui ai expliqué la situation en m’excusant. Entre temps j’ai reçu plusieurs messages vocaux et plusieurs emails.
Je me décide à aller chercher sur Monster ce fameux CV. Quelle déception !

Le CV qui les intéresse tant c’est…ça ? Deux lignes : dont une qui dit que je suis à Nantes alors que je ne reçois que des appels parisiens ? Peut-être que c’est le fait de parler Allemand qui me rend si désirable ?

Jour 2

Je suis en formation, je me mets en mode avion par précaution. Et heureusement ! Quand je sors de formation je découvre une dizaine d’appels manqués et quasiment autant de messages vocaux ! La première journée n’était qu’un tour de chauffe.

Jours 3 et 4

L’effervescence ne désemplit pas. Je commence à trouver ça lourd. Pas parce que je ne suis pas développeur mais parce que tous les messages vocaux se ressemblent. Je ne réalisais pas à quel point TOUT LE MONDE laisse EXACTEMENT le même message. Encore pire que les messages d’approche écrits.

Comble du comble, le jour 4, je me fais RÉVEILLER par un appel à 08h00 (alors que je n’avais pas prévu de me lever avant 09h30-10h00). Je l’ai mauvaise et suis prêt à devenir agressif si j’attrape un recruteur au téléphone. Il est temps de faire cesser la blague.

Jour 5

Heureusement, la personne qui a fait la blague a utilisé mon email et il me suffit de réinitialiser le mot de passe pour retirer le fameux CV. Bilan des courses : une vingtaine d’emails, une trentaine d’appels, une trentaine de messages vocaux plus fades les uns que les autres. Si j’avais été développeur je n’aurais pas eu d’autres choix que d’en choisir au hasard.

L’ampleur de la douleur

Maintenant que je suis passé de l’autre côté de la barrière, je vous le dis : c’est une expérience extrêmement désagréable. Il n’y a pas d’autre mot que « harcèlement ». Pas au sens de comportement répété d’une seule personne (et c’est là que ça devient intéressant pour nous en tant que recruteurs) mais au sens de sollicitations spam répétées par des personnes différentes.

Le jour où on m’a sorti du lit, j’ai voulu écouter une vidéo Youtube pour me relaxer et retrouver la bonne humeur. Je profite souvent de la douche pour ça. Et bien j’imagine que vous imaginez la suite… deux appels sur une douche de 15 minutes. Impossible d’écouter ma vidéo. Niveau d’humeur à ce moment : massacrante.

Si vous pensiez que c’était cool, oubliez tout de suite. C’est tout sauf une expérience agréable ! En racontant mes mésaventures sur LinkedIn, un recruteur a eu une réaction intuitive mais stupide car sans empathie :

Il n’y a absolument rien d’enviable dans le fait de recevoir du spam toute la journée. Car les entreprises qui vous contacte sont très très particulières. Ce sont toutes des SS2I/ESN. Que se passe-t-il si on ne veut pas travailler dans ce type d’entreprise ? C’est l’équivalent d’être végétarien, de marcher dans la rue, et de se faire accoster toutes les deux minutes par quelqu’un qui veut vous faire rentrer dans un McDo ou un Burger King. Diriez-vous alors « avec tous les gens qui meurent de faim, tu ne peux pas te plaindre ? ».

Et même en admettant que vous vouliez bien travailler dans une SS2I/ESN, il est absolument impossible de faire le tri entres les différents messages. On a l’impression d’être entouré de perroquets. J’en suis même arrivé au point où, deux semaines plus tard, je suis encore sur les dents à chaque fois que je reçois un appel de recruteur. D’ailleurs mardi dernier j’ai reçu un appel de quelqu’un que je ne connaissais pas. Il m’a annoncé qu’il était recruteur et j’ai instantanément senti l’agacement monter en moi. Alors qu’il m’appelait pour…me demander des renseignements sur le Réveil du recrutement ! J’en suis arrivé au point où j’oublie que dans mon métier c’est normal que des recruteurs m’appellent. J’ai développé un réflexe physique de rejet…alors que l’expérience n’a duré que 5 jours. Je n’imagine même pas ce que ça serait si j’étais vraiment développeur et que c’était mon quotidien.

Mes étonnements

On a beau analyser un sujet en long, en large et en travers, il y a toujours un gouffre entre la théorie et la pratique. D’où ma série d’étonnements.

Étonnement #1 : l’égocentrisme

S’il y a bien quelque chose qui manquait dans ces messages c’était l’empathie. Ceux et celles qui ont suivi le module sur LEDR Pro doivent en avoir marre de m’entendre répéter ce mot.

Sans empathie on a quoi ? Aucune recherche de dialogue : que des monologues de robot. D’ailleurs je ne sais pas pourquoi on paie des humains pour faire ça, les robots savent déjà le faire. Le syndrome le plus inquiétant (c’est presque pathologique) c’est cette propension à montrer ses muscles alors que l’interlocuteur s’en fiche et n’a rien demandé.

Il y a vraiment des gens qui sont convaincus parce qu’ils lisent qu’une entreprise a « plus de 1000 collaborateurs » ? Ou alors parce qu’une entreprise travaille avec Total, EDF et Orange ? Il y a des gens que ça stimule de lire « pour le compte de notre client GRAND acteur du CAC 40 » ?

On a donc des messages qui sont tellement dans le « moi, moi, moi » que c’en est presque psychiatrique.

Étonnement #2 : pourquoi méritez-vous que je vous appelle ?

Encore une fois c’est une question d’empathie. La réalité d’un développeur Java qui met son CV sur Monster c’est qu’il est harcelé. Donc si vous ne faites aucun effort pour sortir de la masse, vous jouez à la roulette.

Même en admettant que le développeur veuille bien travailler pour vous, il ne peut pas le savoir sur la base d’un tel message. On retrouve encore le « moi, moi, moi ».

J’ai vu votre profil sur un site de recrutement…

(On ne prend même pas la peine de dire lequel tellement c’est un seul et unique message à tout faire)

J’ai en effet identifié certaines opportunités professionnelles

(Hein ? Mais ? De quoi on parle ? On ne peut pas avoir plus d’informations que ça ? Pourquoi ne pas être encore plus vague ?)

Pourriez-vous me contacter à mes coordonnées ci-dessous

(Faisons abstraction du fait que si je n’ai pas de réseau la signature ne s’affiche pas donc autant mettre le téléphone dans le corps du mail, en texte. Pourquoi est-ce que j’appellerai sur la base de cet email ?)

Étonnement #3 : comment peut-on trouver un CV de 2 lignes intéressant ?

Je suis encore sidéré par le nombre de personnes qui m’ont dit que mon profil était intéressant alors qu’il ne faisait que deux lignes. Quelle crédibilité accorder à quelqu’un qui cherche à recruter pour Paris ou Strasbourg, qui voit mon CV qui dit uniquement « développeur Java à Nantes chez Atos mais avec un email en @linkhumans.fr » et qui se dit « ah oui super intéressant dis donc ! » ? En termes de professionnalisme on touche le fond.

Si les gens n’avaient pas écrit comme une nuée de robots la réaction logique aurait été « votre profil est un peu succinct, vous pouvez m’en dire un peu plus ? ». Un humain qui lit ce CV est obligé de réagir comme ça. Même Siri n’enverrait pas un message autant à côté de la plaque que « votre profil m’intéresse ».

Une seule personne (sur environ 50) s’est posé la question ! Une seule !

Étonnement #4 : les messages vocaux sont tous les mêmes

Je le savais déjà mais le vivre est encore plus désespérant. La majorité ont une voix dépressive et débite un texte de manière monocorde. Sérieusement, engagez des robots pour faire ça, ça coûtera moins cher et ça sera d’une voix plus enjouée. Trois fois sur quatre on ne comprend pas le nom de la société et une fois sur deux on entend en bruit de fond d’autres appels. Je vous retranscris à la lettre un des messages vocaux :

« Monsieur Galita bonjour,

Mireille Bidule, société JMTM. Je fais suite à la lecture de votre CV sur l’un de nos sites partenaires. Je souhaitais vraiment échanger avec vous car votre profil m’intéresse FORTEMENT.

Je vous invite à me recontacter, s’il vous plaît, à ce numéro 06 XX XX XX 13, pour qu’on puisse donc échanger. J’attends votre appel, à bientôt.

[Bruits de fonds et clic qui raccroche] »

Quand j’ai 20 perroquets qui me laissent ce message, je fais comment pour savoir qui je rappelle ?

Étonnement #5 : aucun recruteur n’a encore découvert la technologie secrète du sms

Probablement la chose la plus étonnante : personne ne m’a envoyé le moindre sms ! Alors que j’aurais probablement répondu immédiatement par sms. Et ne me dites pas que c’est parce que le sms n’est pas professionnel. Entre un sms bien écrit et un message vocal de perroquet, il n’y a pas photo en termes de professionnalisme.

C’est la preuve que la plupart des gens utilisent LEUR canaux préférentiel de discussion plutôt que d’essayer de découvrir celui de leur cible.

Certaines personnes préfèrent largement avoir un sms qu’un message vocal (et vice-versa). C’est mon cas. Pour écouter un message vocal je dois :

1. M’interrompre et couper ma musique (ou le podcast que je suis en train d’écouter)
2. Activer la 3G de mon téléphone (ou appeler le 666)
3. Espérer que ça passe
4. Ouvrir l’application messagerie vocale
5. Écouter un message très dur à entendre dans 80% des cas (donc impossible dans le métro)

Pour lire un sms je dois :

1. Lire le sms quand je suis prêt
2. C’est tout

Étonnement #6 : ceux qui sourcent la CVthèque vont plus vite que ceux qui publient des annonces

La personne qui m’a fait la blague n’a pas fait les choses à moitié et m’a aussi fait postuler à 4 offres d’emploi. Et c’est là que ça devient marrant : avant d’avoir un vrai humain qui me parle d’une des 4 offres, il se sera écoulé 2 jours. Et pendant ces 2 jours j’aurais déjà été sollicité une vingtaine de fois.

Pourquoi c’est problématique ? Parce que ça veut dire que ceux qui se contentent de mettre des annonces sont les dindons de la farce : ils arrivent toujours après. C’est un peu ballot de payer des annonces et d’avoir uniquement le deuxième choix parce que les sourceurs des CVthèques sont beaucoup plus rapides. Concrètement ça veut dire que je postule chez A. Mais au final je vais probablement rejoindre B, C ou D qui n’ont mis aucune annonce mais qui m’auront contacté avant. Au final on se retrouve avec uniquement les gens qui auront été boudé par les sourceurs. Vraiment dommage de payer une annonce pour ce résultat : la réactivité est donc encore plus importante que l’on ne pense quand on met une annonce.

Étonnement #7 : le cas Computer Future

Mon seul étonnement positif et probablement la seule interaction qui s’est dégagée de la masse. On a déjà vu l’email d’accusé de réception qui s’engage à me répondre. Un jour après j’ai reçu ça :

(…)

Excellente manière de me pousser à répondre, tout en étant complètement automatisé (comme quoi on peut faire des choses automatisées mais agréables à lire).

Et enfin… j’ai reçu un email qui montre que l’équipe est coordonnée.

Contrairement à certaines entreprises qui m’ont appelé 3 fois (3 recruteuses différentes) sans se concerter mais dont les valeurs étaient vision, exigeance et engagement. Ça se passe de commentaire.

Pourquoi se sent-on harcelé ?

Au final, la sensation de désagrément vient en partie du nombre, mais SURTOUT du manque de qualité et de pertinence. Si j’avais eu 50 sollicitations de qualité, je l’aurais bien mieux vécu.

(Cliquez pour agrandir l’image)

D’ailleurs, j’ai plutôt mieux vécu les relances que les premiers messages. En effet, la relance montre que la personne fait un minimum de suivi et s’intéresse à moi. En plus, très souvent, la relance est beaucoup moins standardisée donc on a moins la sensation perroquet. Si j’avais dû choisir qui rappeler, j’aurais probablement choisi de rappeler uniquement celles et ceux qui m’ont relancé.

Ce qui différencie un spam, un dérangement, d’une communication intéressante ce n’est donc pas la quantité mais bien la qualité. Un contenu doit avoir une valeur ajoutée pour moi en tant que lecteur. Sinon c’est un spam. C’est la différence entre la séduction et le harcèlement.

Les messages d’approche que j’ai reçu envoient plusieurs signaux :

1) Le recruteur est trop fainéant pour lire un CV de deux lignes et voir qu’il est bizarre

2) Le recruteur est trop fainéant pour préciser sur quel site mon CV a été trouvé

3) Le recruteur envoie le même message de masse à tout le monde

4) Le recruteur ne sait pas écrire (ou ne sait pas parler)

5) Le recruteur fait semblant de s’intéresser à moi avec une phrase bateau comme « votre profil m’intéresse fortement » mais c’est aussi crédible que « ton père est un voleur il a volé les étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux ». Du coup c’est pathétique

6) Le recruteur me parle comme à un enfant. Comme si je ne méritais pas d’en savoir plus sur ses intentions avant de décider de l’appeler

7) Le recruteur n’a même pas pris la peine une fois dans sa carrière d’écrire un message d’approche de lui-même. Car, s’il envoyait le même à tout le monde ça ne serait pas si grave. Le vrai problème c’est qu’il envoie le même que tous les autres recruteurs à tout le monde.

C’est d’ailleurs ce dernier point qui crée la sensation de harcèlement. Comme tout le monde écrit le même email et laisse le même message vocal, on dirait que c’est la même personne 50 fois. Pour le recruteur c’est son premier message, mais pour le candidat c’est le 47ème identique.

Le paradoxe est donc le suivant : la plupart des recruteurs que j’ai rencontré ont peur de harceler en relançant, mais ne travaillent pas pour autant leur message d’approche. Ils envoient UNE SEULE FOIS ce message puis ne relancent pas, pour pas harceler. Sans se rendre compte qu’en fait c’est l’inverse : c’est ce premier message qui donne la sensation désagréable du harcèlement. Vous avez beau ne me l’envoyer qu’une fois : il est nul. Encore une fois c’est d’abord un problème de qualité avant d’être une question de quantité. Je n’ai par exemple jamais reçu négativement les emails de Computer Futures (alors qu’ils m’en ont envoyé 4 ou 5). Parce que chaque email avait un intérêt et se démarquait de la masse.

En résumé voici 7 points qui font qu’un message (email ou vocal) est désagréable :

1) Le message est froid, comme un message de l’administration

2) Le message ne m’apporte absolument rien. On aurait pu le remplacer par un appel manqué qui veut déjà dire « rappelez-moi ».

3) Le message ne m’en dit pas assez pour me donner une idée de l’intérêt pour moi

4) Le message me prend pour un imbécile. Par exemple en me faisant croire que mon profil est particulièrement intéressant sans le prouver.

5) Le message ne s’intéresse à aucun moment à moi. Tout ce qui compte c’est le besoin du recruteur.

6) Le message est identique à tous ceux que je reçois.

7) Un robot peut écrire quelque chose de mieux (la preuve celui de Computer Futures)…et ça c’est déprimant !

Conclusion

Il est plus désagréable de recevoir une fois un trèsmauvais message que 5 fois des  très bons messages. C’est d’ailleurs pour cela que les mauvais messages doivent faire de la masse : ils ont un taux de retour très faible. Comme les candidats qui envoient leur CV au hasard. Ils doivent le faire plusieurs centaines de fois. Alors que ceux qui ciblent et ont une démarche précise n’envoient leur CV qu’une dizaine de fois maximum.

Au final cette expérience m’a fait penser à cette vidéo :

Pourquoi ça nous désole quand c’est dans la « drague » ? Parce qu’on reconnaît immédiatement les 7 points d’une mauvaise approche. Personne n’est dupe. Et bien c’est pareil quand vous envoyez un message autocentré à un candidat.

Sauf que « Bonjour, je m’appelle William, j’ai 35 ans et je recherche une copine » devient « Bonjour je m’appelle William, je suis recruteur et je recherche un développeur pour une opportunité ». Ça ne fait rêver personne. Alors oui…sur la masse on finit bien par avoir quelqu’un qui répond oui. Mais à quel prix ? On a entre temps démontré un manque de professionnalisme et énervé des gens au passage.

Ah et la vraie morale de l’histoire : la prochaine personne qui me dit que les développeurs sont des divas ou des enfants gâtés je lui mets instantanément un faux CV de lui ou elle sur Monster !

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